L'Allemagne se rapproche de la formation de son gouvernement

Jour de grande affluence au Bundestag, la chambre basse du Parlement allemand. Journalistes nationaux et internationaux, députés, membres des partis ... la salle où se tient la conférence de presse était pleine à craquer cet après-midi et pour cause : six semaines après les élections législatives anticipées, l'accord de coalition tant attendu est enfin prêt. Et il ouvre la porte à la mise en place du futur gouvernement allemand avec la quasi certaine élection de Friedrich Merz, au poste de chancelier.

Accouchement difficile

Cette élection devrait avoir lieu début mai. Avant, il faut que l'accord de coalition soit validé par les instances responsables des partis qui la compose. En principe une formalité, même si pour certains, la pilule risque d'être dure à avaler et pas seulement parce que le contrat de coalition fait 140 pages. Plusieurs fois, lors de la conférence de presse, il a été dit et répété que les négociations ont été difficiles, parfois tendues, même si, au bout du compte, le résultat a été jugé honorable. L'avenir dira si le catalogue de mesures annoncées est applicable et finançable dans la réalité - ce n'était pas l'objet de la conférence de presse du jour.

Signal fort

Pour Friedrich Merz, le programme du futur gouvernement est porteur d'un signal fort pour les citoyens allemands et les partenaires européens de l'Allemagne. 

"L'accord de coalition ici présenté est le résultat de consultations et de négociations intenses. Mais il s'agit avant tout d'un signal très fort et très clair adressé aux citoyens de notre pays. C'est aussi un signal clair à nos partenaires de l'Union européenne. L'Allemagne aura un gouvernement fort, capable d'agir (...) La future coalition, réformera et investira pour que l'Allemagne reste stable, qu'elle soit plus sûre et qu'elle redevienne économiquement plus forte. L'Europe peut également compter sur l'Allemagne."

Baisse des impôts, augmentation des dépenses de défense, diminution de la bureaucratie mais aussi : 

- "soutien complet" à l'Ukraine sur le plan militaire et diplomatique face à la guerre d'agression de la Russie. Le gouvernement veut aussi augmenter fortement les dépenses de défense dans les années à venir. Le service militaire resterait, pour le moment, optionnel.

- nouveau cap dans la politique migratoire : le droit d'asile est maintenu mais le gouvernement veut lutter de manière accrue contre l'immigration irrégulière, suspendre dans certains cas le regroupement familial et renforcement des contrôles aux frontières. Les migrants qui souhaitent obtenir la nationalité allemande devront par ailleurs de nouveau attendre cinq ans avant d'en faire la demande. Cinq ans au lieu de trois actuellement, selon une réforme adoptée par le gouvernement sortant. 

- politique africaine : le futur gouvernement souhaite s'engager en particulier pour la stabilisation du Sahel et de la Corne de l'Afrique mais aussi approfondir les relations commerciales avec les états africains, notamment la Côte d'Ivoire et le Cameroun.

Du côté de la répartition des ministères, la CDU devrait occuper six ministères, en plus de la chancellerie, son alliée bavaroise trois, dont le ministère des Affaires étrangères et le SPD sept, dont les Finances et le Travail. 

Critiques de l'opposition

Comme on pouvait s'y attendre les partis d'opposition l'ont descendu en flèche : le parti d'extrême gauche die Linke a parlé d'un "accord de coalition de l'ignorance et du désespoir", tandis que pour le parti d'extrême droite AfD, Friedrich Merz a signé son "acte de capitulation".

L'AfD qui, selon un sondage publié de mercredi, arrive désormais en tête des intentions de vote à 25% soit près de 5 points de plus que son résultat déjà record aux législatives.