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L’Allemagne songerait à un plafond migratoire dans les écoles // Des jeunes mobilisés au Chili contre les décharges sauvages de vêtements

Reliou Koubakin | Oliver Pieper
18 juillet 2025

En Allemagne, la ministre de l’Education songerait à un pourcentage d’enfants de familles immigrées dans les écoles : 30 à 40%. Au Chili, dans le désert d’Atacama, des montagnes de vêtements révèlent un autre revers de la Fast fashion.

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Ambiance très détendue avec en début d’émission la ministre fédérale allemande de l’Education, Karin Prien qui, devant une cuisinière, parle de sa passion pour la cuisine, sur le toit de la télévision privée die Welt.  

Mais là où cela devient plus sérieux, c’est quand Karin Prien, ancienne ministre de l’Education pendant plusieurs années dans l’Etat-région du Schleswig-Holstein, dans le nord de l’Allemagne, près du Danemark, envisagerait d’introduire un quota d’enfants immigrés dans les écoles. En s’inspirant du modèle danois.

"C'est un modèle envisageable. C'est toujours intéressant d’analyser les expériences des autres pays : peut-être à long terme 30 ou 40%. Mais ce modèle ne fonctionnerait que si les enfants apprenaient mieux la langue allemande", indique Karin Prien.

"Par ailleurs, je voudrais faire remarquer que nous n’avons pas seulement des soucis avec ceux issus de l’immigration mais aussi avec des enfants de familles qui sont établis ici, cela parce que le comportement des parents dans la manière d’éduquer leur enfant a changé ou que les parents se sont moins occupés de la réussite scolaire de leurs enfants."

La ministre fédérale de l'Education, Karin Prien, participe à une conférence de presse à l'issue de la conférence de deux jours des ministres de la Jeunesse et de la Famille (23.05.2025)
La ministre fédérale allemande de l'Education Karin Prien : "Nous devons nous améliorer dans la gestion du thème de la migration dans notre système éducatif"Image : Daniel Bockwoldt/dpa/picture alliance

Le SPD s’oppose aux quotas   

Au sein du gouvernement, l’idée exprimée début juillet par la ministre conservatrice ne fait pas l’unanimité. Notamment auprès du partenaire de coalition, les socio-démocrates (SPD). La porte-parole en charge de l’éducation au sein du groupe parlementaire Jasmina Holstert parle d’une mauvaise idée, laissant entendre qu’une bonne éducation et une bonne intégration passent par un soutien ciblé et non par l’exclusion.  

Sabine Schwarz se sent aussi interpellée par cette idée de la ministre allemande de l’Education. La directrice d'une école primaire dans l’Etat-région de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dans l’ouest de l’Allemagne accueille près de 350 élèves. Plus de 80% sont issus de familles immigrées. Selon elle, la proposition de la ministre ne peut pas marcher.   

"Je pense qu'elle n'a pas réfléchi à la politique du logement ni aux mentalités, et qu'elle n'a aucune idée de la situation réelle dans certains quartiers. Car alors, les gens seraient obligés de déménager dans notre quartier, du moins s'ils voulaient aller à l'école près de chez eux. Nous ne connaissons même pas le pourcentage de personnes ici qui seraient considérées comme germanophones ou allemandes." 

La population immigrée dans le quartier de son école primaire représente 60 %. Mais les Allemands qui vivent dans les maisons individuelles juste à côté de son école préfèrent envoyer leurs enfants dans d'autres établissements scolaires, déplore sabine Schwarz, pour qui cela est regrettable.  

L'éducation : compétence des Etats-régions   

En Allemagne, les questions d’Education relèvent des compétences des Etats-régions. Il y en a 16 dans le pays. Il y a près de vingt ans, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, l’Etat-région le plus peuplé d’Allemagne, a aboli l'obligation d'inscrire ses enfants dans une école à proximité.  

Des sacs à dos suspendus à un portemanteau dans une crèche de l'Etat-région du Brandebourg
Les crèches censées aider les enfants à développer leurs connaissances de la langue allemande font face à des problèmes de personnel Image : Christian Bark/dpa-Zentralbild/picture alliance

Conséquence : les familles allemandes soucieuses de l’éducation de leur progéniture évitent les écoles comme celle de Sabine Schwarz, craignant qu'une forte proportion d'immigrés n'ait un impact négatif sur la réussite scolaire de leurs enfants.  

"On entend souvent dire que la migration est synonyme de niveau d'éducation plus faible et que les enfants apprennent plus lentement. Or, c'est totalement faux."  

"Par exemple, poursuit Sabine Schwarz, nous avons bénéficié de la vague de réfugiés de 2015, car nous avons accueilli de nombreux enfants très intéressés par une bonne instruction. Des enfants traumatisés par leur expérience de réfugiés qui ne pouvaient même pas commencer à penser à leur instruction, des enfants très intéressés par l'éducation, et des enfants qui ont fui la pauvreté. C'est injuste de mettre tous les enfants dans le même panier."   

Signal dangereux   

La chargée de l’Intégration du gouvernement allemand, Natalie Pawlik, du SPD, est aussi contre les quotas d’enfants issus de l’immigration dans les écoles. L'association des élèves parle d’un signal dangereux. L’origine ne devrait jamais devenir un critère d’accès à l’éducation, poursuit l’association.  

Le président de l’association des enseignants doute de la mise en œuvre d’une telle mesure. En principe, il ne faut pas seulement tenir compte de l'origine migratoire, mais aussi du niveau linguistique d'un enfant, indique Stefan Dull. Il fait remarquer qu'"il y a aussi des enfants issus de l'immigration qui sont nés en Allemagne et qui parlent également la langue allemande".  

Stefan Düll, président de l'association des enseignants
Selon Stefan Düll, ce ne sont pas seulement les enfants de familles immigrées qui ont des déficits en langue Image : Andreas Gebert/bpv

Enseignants, parents, élèves et experts s'accordent tous à dire que le système doit être réformé de toute urgence et que la situation ne peut perdurer. L'Allemagne obtient de très mauvais résultats dans de nombreuses catégories : lors de la dernière étude PISA de 2022, elle n'était qu'en milieu de tableau. Les compétences des jeunes de 15 ans en lecture, en mathématiques et en sciences ont atteint les niveaux les plus bas jamais enregistrés.  

Pour Sabine Schwarz, il faut une synergie d’actions entre les écoles maternelles et primaires pour un meilleur apprentissage de la langue allemande. 

"Nous travaillons en étroite collaboration avec les écoles maternelles, mais nous ne pouvons pas compenser le manque de personnel. Nous en sommes conscients, mais le travail en maternelle est essentiel à la réussite scolaire à l'école primaire. L'apprentissage des langues doit y être encouragé avec des professionnels formés et des ressources adaptées. Malheureusement, ce n'est pas le cas actuellement, ce qui crée un décalage entre l'école maternelle et l'école primaire."  

Selon une étude, il manque 125 000 éducateurs dans les crèches en Allemagne, soit plus de deux spécialistes par établissement.  

Selon le programme international de recherche en lecture scolaire (PIRLS) de 2023, un élève de CM1 sur quatre en Allemagne rencontre des difficultés dans la lecture. Et 56 000 élèves ont quitté l'école sans diplôme cette même année. Plus de 7 %, et la tendance est à la hausse.   

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Des décharges sauvages de vêtements dans le désert d’Atacama   

Des décharges sauvages de vêtements dans le désert d’Atacama
Il y aurait plus de 300 décharges sauvages de vêtements dans le désert chilienImage : Marion Esnault/DW

Dans le nord du Chili, dans le désert d’Atacama, l’un des plus arides au monde, un spectacle désolant accable les autorités et populations locales : de véritables dunes de vêtements au milieu des vallées et canyons rouges et ocres du désert.  

Au niveau mondial, la production de vêtements a doublé depuis les années 2000. Selon l’ONG les Amis de la Terre, si la production de vêtements s’arrêtait aujourd’hui, nous aurions de quoi nous vêtir jusqu’en 2100.  

Ces décharges sauvages illustrent les conséquences environnementales de cette surproduction vestimentaire mondiale. Il y en aurait plus de 300 dans le désert chilien.  Marion Esnault nous emmène dans l’une d’elle, avec un jeune homme du coin, mobilisé pour mettre fin au phénomène.   

 

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