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En Allemagne, place au jeu des coalitions

24 février 2025

Les conservateurs ont remporté le scrutin avec près de 29 % des voix. Désormais, ils vont devoir négocier pour former un gouvernement.

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Friedrich Merz mont sur une scène pour prendre la parole devant les médias
Friedrich Merz veut former une coalition d'ici PâquesImage : Odd Andersen/AFP/Getty Images

Le système politique allemand est basé sur la proportionnelle, dans laquelle les partis doivent s'allier pour former une majorité au Parlement, le Bundestag, et gouverner le pays.

Dimanche 23 février, les conservateurs de la CDU et leurs alliés de la CSU ont remporté le scrutin avec près de 29 % des voix. Désormais, leur chef de file et a priori futur chancelier, Friedrich Merz, va devoir négocier pour former un gouvernement.

Bien que le parti d'extrême droite AfD ait doublé son score depuis les dernières législatives en 2021 pour rafler 20 % des voix, c'est vers les sociaux-démocrates du SPD que Friedrich Merz compte se tourner en priorité.

 

Le chef de la droite se donne deux mois, jusqu'à Pâques, pour surmonter les divergences, notamment budgétaires, entre les deux partis et doter la première économie européenne "d'un gouvernement efficace".

Le nouveau Parlement doit siéger pour sa session constituante d'ici fin mars.

Olaf Scholz et d'autres cadres du parti SPD prennent la parole devant les médias
Le SPD signe son pire score en 80 ansImage : Andreas Rentz/Getty Images

Courte majorité pour une alliance CDU/CSU et SPD

À eux deux, ils obtiendraient une courte majorité des sièges au Bundestag.

Eileen Keller, chercheuse à l'Institut franco-allemand (DFI), note "qu'on a eu une soirée électorale particulière au niveau du résultat, au niveau de la participation. Désormais, c'est le jeu des coalitions qui commence. Il n'y a aucun parti avec une majorité absolue, donc il faut faire des coalitions. Comparé au passé, c'est devenu plus difficile, notamment avec la poussée très nette de l'AfD, le parti d'extrême droite.

Mais a priori, on se dirige vers une coalition entre les conservateurs et les sociaux-démocrates (du SPD). La bonne nouvelle pour le pays, c'est qu'il y a la possibilité de faire une coalition avec deux partis, soit entre deux partis dits modérés ou démocratiques, soit avec l'AfD, ce qui, pour le moment, est exclu. Mais il n'est pas nécessaire, comme c'était le cas ces dernières années, de former un gouvernement de trois partis, ce qui est forcément plus compliqué à gérer".

Friedrich Merz s'adresse aux journalistes
Friedrich Merz dénonce régulièrement la politique migratoire de l'ancienne chancelière Angela MerkelImage : Maja Hitij/Getty Images

Si une courte majortié entre la CDU/CSU et le SPD suffirait pour les loi ordinaires, il serait en revanche plus compliqué d'avancer sur des dossiers comme la réforme du fameux frein à l'endettement, que réclament certains partis pour pouvoir notamment financer la transition écologique.

Friedrich Merz n'exclut pas catégoriquement de discuter du sujet.

Ce frein limite les dépenses de l'Etat et demande une modification de la Constitution, pour laquelle il faut réunir les deux-tiers des voix au Parlement.

 

L'AfD reste dans l'opposition malgré son score historique

L'AfD, qui fait aujourd'hui 20 % des voix et a convaincu un électeur sur cinq, n'a finalement aucune chance d'intégrer une coalition et le gouvernement, les autres partis refunsant toute alliance.

Selon Eileen Keller, ce refus s'explique par le fait que l'AfD "est un parti à tendance extrémiste, notamment en raison de la proximité de certains membres avec les milieux de l'extrême droite, voire des mouvements identitaires. Certains membres du parti ont exprimé un déni de l'histoire des crimes nazis. De plus, il existe des divergences programmatiques de fond avec les autres partis. L'AfD veut sortir de l'euro et remet en question la coopération et l'intégration européenne. C'est également vrai pour son positionnement par rapport à l'Ukraine et un éventuel rapprochement avec la Russie. Il en va de même sur la question de la transition écologique et sur l'immigration".

Alice Weidel et Björn Höcke célébrant le score de l'AfD
Björn Höcke, à droite, est l'un des visages de l'AfD. Il a été condamné par la justice pour avoir utilisé publiquement un slogan nazi.Image : Sören Stache/dpa/picture alliance

L'AfD entend "dépasser" le parti conservateur "au cours des quatre prochaines années et devenir le premier parti" du pays, a assuré Alice Weidel. Selon Friedrich Merz, c'est un "dernier avertissement" aux partis modérés.

Enfin, le chef de la CDU e expliqué quel la "priorité absolue" sera de soutenir les efforts européens pour renforcer la capacité de défense commune. Puisque les Etats-Unis de Donald Trump se détournent de l'Europe, il estime qu'il faut se préparer au "pire scénario" dans les relations transatlantiques.

Symbolbild I Journalismus
Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais