L'Allemagne investit dans l'hydrogène vert en Namibie // En Pologne, la libéralisation de l'IVG se fait attendre
44.000 panneaux solaires tournés vers le ciel au milieu du désert namibien. La saison des pluies, pourtant abondante cette année, n'a pratiquement pas touché la région. La végétation est rare et seules quelques montagnes offrent un contraste au paysage aride.
"En moyenne, nous avons 30 heures de couverture nuageuse par an", confirme Johannes Michels, le directeur général de Hylron. Cette entreprise allemande produit, depuis fin mars 2025, le premier hydrogène vert en Namibie.
De l'électricité propre pour fabriquer l'hydrogène
Le champ solaire qu'il fait visiter fournit jusqu'à 25 mégawatts d'électricité. Cela permet d'une part d'alimenter le four de l'usine sidérurgique où est transformé le minerai de fer en provenance d'Afrique du Sud, et d'autre part de produire de l'hydrogène vert.
Alors, comment ça marche ? Souvenez-vous de vos cours de chimie : l'électricité alimente deux électrolyseurs qui séparent les molécules d'eau : l'oxigène d'un côté, et l'hydrogène de l'autre.
L'hydrogène est ensuite utilisé comme agent réducteur pour la transformation du minerai de fer : il absorbe les atomes d'oxygène contenus dans le minerai pour en faire un matériau utilisable dans la fabrication de nombreux produits du quotidien.
On parle d'hydrogène vert parce qu'il provient d'électricité produite à partir de renouvelables, comme l'éolien ou, dans le cas présent, du solaire.
La production de fer : énergivore et polluante
A l'heure actuelle, la transformation du fer repose entièrement sur l'utilisation de combustibles fossiles. L'industrie du fer représente jusqu'à 9% des émissions de gaz à effet de serre mondiales.
Avec le projet "Oshivela", la Namibie se pose en pionnière d'une production de fer respectueuse de l'environnement.
"La Namibie est en train de devenir le 11ème pays d'Afrique à disposer de capacités de production de fer, mais elle va être aussi le premier pays au monde à produire du fer à l'échelle industrielle sans émissions de CO²", se réjouit Johannes Michels.
Si l'industrie de l'hydrogène vert se développe à grands pas en Namibie, c'est en grande partie grâce à des investissements allemands.
La production de fer et d'acier est un pilier de l'industrie allemande, et il faut la décarboner pour que l'Allemagne atteigne ses objectifs climatiques.
Rainer Baake est représentant du gouvernement fédéral pour les relations germano-namibiennes dans le domaine de l'hydrogène.
"Nous devons décarboner notre industrie sidérurgique et le principal levier, c'est le fer", explique-t-il. "La réduction du fer se fait jusqu'à présent en Allemagne, à l'aide de charbon. C'est pour ça qu'elle a une charge énorme en CO²."
Investissements et subventions allemandes
L'entreprise Hylron est détenue majoritairement par des investisseurs allemands. Le ministère fédéral de l'Economie a contribué à hauteur de 13 millions d'euros. Celui de la Recherche finance deux autres projets pour un montant d'environ 22 millions d'euros.
Le méga-projet "Hyphen", dans le parc national de Tsau/Khaeb, a lui aussi une entreprise allemande, Enertrag, comme actionnaire principal. A partir de 2028, un million de tonnes d'ammoniac vert devrait y être produite chaque année, principalement pour l'exportation vers l'Europe et l'Asie.
Le projet a été la cible de nombreuses critiques, notamment à cause de conséquences potentiellement irréversibles sur l'environnement dans cette région du sud de la Namibie.
Une étude approfondie a été lancée par l'entreprise pour évaluer la compatibilité environnementale, mais aussi sociale du projet, afin que les Namibiens profitent directement des investissements allemands.
Il faut notamment que l'industrie de l'hydrogène devienne rentable pour assurer des recettes fiscales à l'Etat namibien.
L'entreprise Hylron assure qu'elle peut déjà concurrencer le fer produit de manière conventionnelle en termes de prix. Mais Johannes Michels reconnaît lui-même que la rentabilité n'est pas encore la priorité.
"Ce n'est pas comme si nous allions gagner beaucoup d'argent tout de suite, mais c'est comme ça que nous pouvons survivre. Et notre objectif est avant tout de montrer que cela fonctionne", explique le directeur général de Hylron.
Pérenniser le secteur, la deuxième étape
Une cinquantaine d'employés sont prévus dans un premier temps, pour une production de 15.000 tonnes de fer vert par an. La capacité pourrait être portée à 2 millions de tonnes annuelles d'ici à 2030, ce qui ferait passer le nombre d'emploi à 1600 selon l'entreprise.
En comparaison, l'Allemagne a produit en 2024 35,4 millions de tonnes d'acier, soit un peu moins d'un tiers de la production européenne. La Chine, leader sur le marché de l'acier, en a produit mille millions de tonnes.
Même si pour l'instant, le fer vert ne peut pas rivaliser avec le fer conventionnel, le commissaire namibien à l'hydrogène. James Mnyupe se réjouit de voir la production d'hydrogène vert démarrer en Namibie.
"Cela change totalement la façon dont les gens pensaient que la production d'hydrogène vert en Namibie serait commercialisée. Ils pensaient que nous allions exporter les molécules en Europe."
Au lieu de ça, James Mnyupe rêve d'un marché local de l'hydrogène, avec des produits qui seraient soit utilisés en Namibie, soit transformés sur place pour l'exportation.
La Namibie prévoit par exemple de construire d'immenses installations de stockage d'ammoniac pour ravitailler les porte-conteneurs, les trains et les camions namibiens. Cela permettrait au pays de devenir moins dépendant des éventuels contrats d'achat en Allemagne.
En attendant, l'hydrogène vert de Hylron semble déjà éveiller l'intérêt du constructeur automobile Toyota. Selon le commissaire namibien, des représentants de l'entreprise japonaise sont intéressés par des l'importation de fer à zéro émission, non pas vers le Japon, mais vers l'Afrique du Sud, pays voisin de la Namibie. Pour y construire des voitures destinées à l'exportation vers l'Europe.
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Un centre de consultation IVG conseille les femmes à Varsovie
Plus d’un an après l’accession au pouvoir de Donald Tusk, la Pologne continue d’observer la législation la plus restrictive d’Europe en matière d’avortement.
Le Premier ministre avait pourtant fait de la libéralisation de l’accès à l’IVG l’une de ses promesses centrales de sa campagne, alors que l’aide à l’avortement tombe sous le coup de la loi, excepté dans de rares exception où la grossesse résulte d’un viol, d’un inceste ou met la vie de la mère en danger.
Mais à Varsovie, les activistes lancent de nouvelles initiatives pour tenter de faire bouger les choses et briser le tabou autour de l’avortement. Le reportage d’Adrien Sarlat.