Près d'un député allemand sur dix est issu de l’immigration

En Allemagne, le nouveau Bundestag, la chambre basse du Parlement, sorti des élections législatives fin février, est entré en fonction ce mardi (25.03) 

Parmi les 630 élus, l'extrême droite, dans l'opposition, est aujourd'hui la deuxième force politique au sein de l'assemblée.

On note également que les femmes représentent moins d'un tiers des élus. Une sous-représentation que l'on retrouve aussi parmi les députés issus de l'immigration.

En effet, la part de députés issus de l'immigration n'a quasiment pas bougé par rapport au précédent Bundestag, issu des urnes en 2021. Elle est aujourd'hui de 11,6 %. Une proportion loin de représenter le pays, où près de 30 % de la population est issue de l'immigration.

C'est ce qui ressort des recherches de la plateforme d'information Mediendienst Integration.

Elle a identifié 73 députés issus de l'immigration sur les 630. ll s'agit aussi bien de personnes qui n'avaient pas la nationalité allemande à la naissance que de celles dont au moins un des parents est dans ce cas.

Les Verts affichent le plus de diversité

On peut citer Armand Zorn, des sociaux-démocrates du SPD à Francfort, qui a réussi de justesse à défendre son siège. Il est né à Yaoundé au Cameroun à la fin des années 80, avant d'arriver en Allemagne en 2000.

Également, dans la région de Hesse, l'avocate Awet Tesfaiesus a réussi à se faire réélire. En 2021, l'avocate née à Asmara, en Erythrée, au milieu des années 70, était même devenue la première femme noire à être élue députée au Bundestag.

Elle fait partie des Verts, qui est d'ailleurs la formation politique où la part des députés issus de l'immigration est la plus élevée, avec 20%. Viennent ensuite die Linke, le parti de gauche, et le SPD. 

A droite, la représentativité baisse

C'est lorsque l'on déplace le curseur vers la droite de l'échiquier politique que cette représentation chute. L'union des conservateurs CDU/CSU, vainqueur des législatives, ne présente qu'un peu plus de 6 % d'élus ayant un passé migratoire.

Ce chiffre tombe sous les 6 % au sein de l'AfD, le parti d'extrême droite régulièrement accusé de racisme et de xénophobie.

Ce climat ambiant, de plus en plus hostile, a fait partie du quotidien d'un autre député historique, qui a toutefois décidé de ne pas briguer de nouveau mandat. 

Né au Sénégal, Karamba Diaby, du SPD, avait été, en 2013, le premier Noir né en Afrique à faire son entrée au Bundestag. Elu dans l'est de l'Allemagne, il a été menacé de mort et a dû supporter les injures et les discours de haine.

Le racisme au quotidien en Allemagne

C'est dans les régions de l'ex-RDA que l'AfD a enregistré ses meilleurs scores.

Chez nos confrères de la ZDF, Karamba Diaby a expliqué que "depuis l'entrée de l'AfD au Bundestag, l'atmosphère au sein du Parlement s'est détériorée, notamment en raison du ton agressif qu'ils emploient. Leurs interventions sont pleines d'humiliations, de haine et d'insultes personnelles".

Il raconte ainsi comment des élus l'ont réduit lors d'échanges à ses origines. Or, comme il le martèle, "j'ai toujours dit que je ne voulais pas être réduit à la couleur de ma peau. Le noir n'est pas mon identité".

La campagne électorale avait été marquée par une extrême focalisation sur le thème de l'immigration, liée par les partis politiques à celui de l'insécurité.

Une nouvelle étude du Centre allemand de recherche sur l'intégration et la migration révèle que plus de la moitié des personnes noires ou présumées musulmanes vivant en Allemagne disent être victimes d'une forme de discrimination raciste au moins une fois par mois.