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Pourquoi le taux de natalité continue de baisser en Allemagne // Difficile conditions de vie pour les Vénézuéliens au Chili

3 septembre 2025

En Allemagne, les femmes donnent naissance en moyenne à 1,35 enfant, un niveau historiquement bas. // Au Chili, les Vénézuéliens qui représentent l’une des premières et fortes communautés étrangères dans le pays font face à un climat hostile.

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Julia Brandner est une influenceuse et comédienne autrichienne qui vit à Berlin en Allemagne. Alors qu’elle présentait récemment son livre qui a été bien accueilli par le public, une femme de 72 ans, mère de trois enfants prend la parole, l’attaque en traitant l’auteure de 30 ans d’'égoïste.  

Le livre comporte 240 pages, son titre I am not kidding, warum ich keine Kinder brauche und dafür keine Entschuldigung brauche (en français, je ne plaisante pas, pourquoi je ne veux pas avoir d’enfants et pourquoi je n’ai pas besoin de m’en excuser). Alors qu’elle avait 28 ans, Julia Brandner s’est fait stériliser.  

"On est cataloguée comme révolutionnaire. Quand on dit qu'on ne veut pas d'enfants, on est très vite accusée de saboter le système de retraite et le contrat intergénérationnel, et d'être en fait responsable de l'extinction de l'humanité." 

Les critiques à l'encontre de Julia Brandner s'enflamment autour d'un chiffre que beaucoup de jeunes femmes célèbrent comme un progrès en matière d'autodétermination, mais que d'autres redoutent comme le signe avant-coureur d’une baisse de la prospérité et d'une population en constante diminution : 1,35. C'est le nombre moyen d'enfants que les femmes en Allemagne ont mis au monde en 2024, selon l'Office fédéral des statistiques. Le taux de natalité des femmes allemandes n'est que de 1,23, contre 1,84 pour les femmes étrangères. En chiffres absolus, ce sont plus de 15 000 bébés de moins que l'année précédente. 

Violence du débat 

Le gynécologue de Julia Brandner avait exigé un rapport psychiatrique attestant de sa capacité mentale pour la stérilisation. La violence du débat autour de son livre a en tout cas surpris l’auteure. 

Julia Brandner, auteure, influenceuse et comédienne, qui s'est fait stériliser
Julia Brandner appelle à faciliter la tâche aux femmes désirant avoir des enfants Image : Andy Sparkles

Elle observe un glissement vers la droite croissant en période d'instabilité, vers des valeurs plus traditionnelles, où les femmes devraient à nouveau rester à la cuisine et s'occuper des enfants. Ainsi, le parti d’extrême droite AfD s'est également emparé du thème de la baisse du taux de natalité et réclame davantage de naissances plutôt que l'immigration comme moyen de lutter contre la pénurie de main-d'œuvre qualifiée. 

Julia Brandner regrette que même en 2025, la question des enfants soit encore presqu’entièrement laissée à la charge des femmes. 

"Les nombreuses mères célibataires sont laissées seules, tandis que les pères ne sont pas suffisamment mis à contribution. Avoir des enfants représente un risque énorme de pauvreté pour les femmes. Il est inacceptable qu'aujourd'hui encore, une femme doive sacrifier son bien-être pour assurer la prospérité de la société."  

Tendance à la baisse  

1,35 : le niveau le plus bas en Allemagne depuis 1994 : il était alors à 1,24. La baisse du taux de natalité en 2024 confirme une tendance des dernières années, notamment en 2023 et en 2022. Il faut dire que l’Allemagne n’est pas seule, ses voisins français, autrichiens, et plus loin italiens, les pays nordiques connaissent des baisses. Tout comme le reste du monde, en Corée du Sud, le taux de natalité est même de 0,75. Exception avec le continent africain avec en moyenne 3,95 enfants par femme.  

Dans une interview à la DW, la sociologue Michaela Kreyenfeld constate un lien toujours plus fort entre les crises économiques, les incertitudes et le comportement en matière de natalité. Entre autres crises : la Covid-19, le changement climatique et l’inflation, une situation inédite pour la jeune génération.  

Martin Bujard scrute depuis les deux dernières décennies les chiffres sur les taux de natalité en Allemagne. Le directeur adjoint de l’institut fédéral de recherche sur la population estime que le débat autour des femmes qui choisissent de ne pas avoir d'enfants passe à côté du véritable sujet. 

"Si quelqu'un ne souhaite pas avoir d'enfants, c'est son choix. Cela ne devrait pas être stigmatisé. Mener une vie sans enfants est de plus en plus accepté", fait remarquer Martin Bujard.  

"Mais le problème est ailleurs : nous menons une enquête empirique sur le désir d'avoir des enfants. Et il en ressort qu'en 2024, le désir moyen sera d'environ 1,8 enfant par femme et par homme, soit nettement supérieur au taux de natalité de 1,35. Si ce désir d'avoir des enfants, qui existe bel et bien, se réalisait, nous aurions moins de problèmes démographiques et, à long terme, beaucoup plus de prospérité."

Des sacs à dos sont suspendus à un portemanteau dans une crèche
Bien que les parents aient droit à une place dans les crèches, les places ne sont pas disponibles Image : Christian Bark/dpa-Zentralbild/picture alliance

Selon les experts, il faut 2,1 enfants par femme pour maintenir la taille de la population stable en Europe. Certains parents, on vient de l’entendre désirent avoir des enfants. Encore faut-il trouver des places dans les crèches auxquelles ont droit les parents depuis 2013 en Allemagne. Les crèches font face à une insuffisance de personnel. De nombreuses familles pourraient donc finir par n’avoir qu’un enfant au lieu de deux qu’elles souhaitaient. Et parce qu’aussi les enfants sont de plus en plus souvent considérés comme un problème. 

Concilier vie professionnelle et vie familiale  

D'après le ministère de la Famille, 22% des femmes et 36% des hommes entre 30 et 50 ans n’ont pas d’enfants en ce moment. La seule solution serait donc d'améliorer la conciliation entre vie professionnelle et vie familiale, indique Matin Bujard, le directeur adjoint de l’institut fédéral de recherche sur la population. 

"Le pire scénario serait qu'avec la baisse continue du taux de natalité, nous soyons confrontés à des problèmes encore plus graves à long terme en matière d'assurance sociale en 2030."  

"Cela coûterait très cher en termes de prospérité : les cotisations sociales devraient être augmentées, les retraites seraient moins élevées et il faudrait également faire d'autres concessions dans le système de santé et les soins. La pénurie de main-d'œuvre qualifiée s'aggraverait encore, ce qui ne pourrait être compensé que de manière limitée par une immigration accrue." 

Autre donne qui pourrait avoir des impacts sur le taux de natalité : la réforme de l’Etat-Providence. Selon le chancelier allemand Friedrich Merz, il n’est plus finançable en raison des performances économiques.  

Depuis quelques semaines, conservateurs et socio-démocrates au pouvoir ne s’entendent pas sur la réforme. Une commission doit rendre un rapport avant la fin de l’année.  

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Les Vénézuéliens pas toujours les bienvenus au Chili   

Des habitants participent à une marche contre l'immigration clandestine, à Iquique, au Chili, le samedi 25 septembre 2021. La plupart des migrants entrant illégalement dans le pays sont des Vénézuéliens qui arrivent par le nord
Les Vénézuéliens au Chili tiennent à faire savoir qu’ils ne sont pas tous des délinquants et aspirent à un meilleur avenir loin de chez eux Image : Ignacio Munoz/AP/picture alliance

En l’espace d’une décennie, le Chili est devenu l’un des principaux pays récepteurs de migrants en Amérique Latine. 

 Les Vénézuéliens notamment, qui abandonnent massivement leur patrie, prennent la direction du pays andin. Ces 5 dernières années leur nombre a augmenté de plus de 100 %. Ils sont désormais la communauté étrangère la plus importante au Chili. 

Mais les Vénézuéliens doivent faire face aujourd’hui à un climat de plus en plus hostile à leur égard. Et se retrouvent aussi bien seuls alors que les relations diplomatiques entre Santiago et Caracas sont au plus bas

 Dans la capitale chilienne, c’est le reportage de notre correspondante Naïla Derroisné.

 

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