En Allemagne, début d'un procès pour espionnage
5 août 2025Depuis ce mardi 5 août, Jian Guo un espion présumé de Pékin et ex-collaborateur d'un eurodéputé allemand d'extrême droite, est jugé à Dresde, dans l'est du pays. Un procès dans un contexte particulier. Ces derniers mois, les affaires d'espionnage se sont multipliées en Allemagne. Dans le cas de Jian Guo, il est non seulement accusé d'avoir espionné le Parlement européen, mais aussi d'autres cibles.
Avant cette affaire, plusieurs autres cas d'espionnage présumés, notamment au profit de Moscou ou Pékin, ont été rendus publics en Allemagne. A Munich, trois Germano-Russes, soupçonnés d'avoir transmis des informations à la Russie et préparé des actes de sabotage visant l'aide à Kiev, sont actuellement devant la justice.
"Un espion" au Parlement
Jusqu'à son interpellation en avril 2024, Jian Guo, qui est de nationalité allemande, était l'un des assistants parlementaires de l'eurodéputé Maximilian Krah, alors tête de liste de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), le parti d'extrême droite, pour les élections européennes.
Maximilian Krah a depuis été élu député en février 2025 et a fait son entrée au Bundestag.
L'arrestation de l'un de ses assistants pour espionnage a donc fait des vagues et continuent de susciter des interrogations. A en croire la justice, Jian Guo était employé depuis 2002 par un service de renseignement chinois.
Selon l'accusation, sa position d'assistant parlementaire aurait permis à Jian Guo de "collecter des informations" concernant "les avis et décisions du Parlement européen". Il aurait ainsi collecté au profit de Pékin plus de 500 documents, dont certains classés comme particulièrement sensibles.
A l'ouverture du procès ce mardi, le procureur, Stephan Morweiser, a souligné la "gravité particulière" de l'affaire.La défense de l'accusé pour sa part, a nié toute activité d'agent secret.
D'autres cibles
Mais ce n'est pas seulement au Parlement européen que Jian Guo est accusé de s'être livré à des activités d'espionnage.
Selon l'accusation, il aurait aussi espionné des opposants et dissidents chinois en Allemagne. Sa stratégie pour les piéger : apparaitre sur les réseaux sociaux comme un critique de la Chine pour les tromper.
Il aurait également rassemblé pour Pékin des informations qui pourraient être embarrassantes sur des responsables politiques de l'AfD, la première force d'opposition en Allemagne depuis les législatives de février 2025.
Selon l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, des écrits en mandarin relatant les luttes de pouvoir au sein de l'AfD et des détails sur la vie privée et intime de sa cheffe de file Alice Weidel auraient été saisies par les enquêteurs.
Jian Guo, qui encourt jusqu'à dix ans de prison, est jugé en même temps qu'une femme qui lui aurait fourni des informations sur les vols, les cargaisons et les passagers de l'aéroport de Leipzig/Halle où elle travaillait. Selon le ministère public, ces informations concernaient le transport de biens militaires et des personnes "ayant des liens avec une entreprise allemande d'armement".