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Allemagne, des appels à un examen de la période Covid-19 // A la rencontre de Juifs algériens engagés au côté du FLN

20 mars 2025

En mars 2020, le premier confinement entre en vigueur en Allemagne. Cinq ans après, de nombreuses questions restent sans réponses. // Les Juifs algériens qui rêvaient d’une Algérie démocratique et pluriculturelle sont déçus.

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Il y a cinq ans, étaient décidées les premières mesures de confinement en Allemagne. C'était le 16 mars 2020. La Covid-19 était alors déjà détectée dans les 16 Etats-régions de l’Allemagne.  

Dans une adresse à la nation, le 18 mars 2020, la chancelière allemande Angela Merkel fait le constat, alors que l'Allemagne vient de décréter le confinement de sa population pour se protéger du coronavirus : notre conception de la normalité, de la vie publique, de la cohabitation sociale - dit la chancelière - tout cela est mis à l'épreuve comme jamais auparavant. Angela Merkel estime que la Covid-19 a drastiquement changé la vie en Allemagne.  

"C'est pourquoi permettez-moi de dire que c'est sérieux. Prenez-le au sérieux, vous aussi. Depuis l'unification allemande, non, depuis la Seconde Guerre mondiale, jamais notre pays n’a été confronté à un tel défi qui exige à ce point notre action solidaire commune." 

Angela Merkel explique que "pour quelqu'un comme moi, pour qui la liberté de voyager et de se déplacer a été un droit durement acquis, de telles restrictions ne peuvent se justifier que par une nécessité absolue. Dans une démocratie, elles ne devraient jamais être décidées à la légère et de manière temporaire - mais elles sont pour l'instant indispensables pour sauver des vies".  

Elle encourage les Allemands à prendre soin d’eux et de leurs proches. Non sans les remercier.  

Distanciation sociale, quarantaine, papier toilette...

Quatre jours après cette adresse, le 22 mars 2020, entre en vigueur le confinement.  

Des élèves portant des masques montent dans leur classe dans une école primaire à Dortmund, dans l'ouest de l'Allemagne, le 12 août 2020
Avant la reprise des classes, les élèves aussi ont dû faire face à des fermetures d’écoles Image : INA FASSBENDER/AFP/Getty Images

Priorité à la distanciation sociale. Des mots comme la quarantaine font leur entrée dans le vocabulaire. Les restaurants et les salles de cinémas ferment, tout comme les écoles et les crèches. Les visites dans les maisons de retraite et de soins sont interdites. De nombreux travailleurs font leurs premières expériences du télétravail. Le papier toilette devient bientôt une denrée rare. Certains produits doivent être rationnés pour que tout le monde ait une chance de les acheter. 

Les règles de confinement sont durcies en fonction de l’évolution de l’infection. Ou assouplies lorsque la situation est plus détendue. Le monde entier loue l’efficience allemande alors que, contrairement à d’autres pays, son système de santé a tenu bon. Mais les protestations contre les restrictions vont crescendo.   

"La Covid-19 nous a volé notre vie. Nous ne pouvions plus voir nos amis, tout le monde était accroché à son portable."  

Le témoignage ci-dessus est celui de Lena dans un article de nos collègues de la rédaction allemande. Lena, 21 ans, voulait devenir enseignante. Mais plus maintenant, dit-elle sur la DW. Elle était une bonne élève quand elle aimait l'école - ça c’était avant la pandémie.

Selon des études, de nombreux jeunes souffrent de troubles alimentaires, de troubles anxieux et de dépressions.  

Cinq ans après les premiers cas de Covid-19 en Allemagne, le président fédéral allemand a de nouveau plaidé le 14 mars dernier pour un travail transparent sur la période Covid-19. Frank-Walter Steinmeier. 

"Comment les cicatrices peuvent-elles guérir chez les enfants et les jeunes ?, interroge Frank-Walter Steinmeier. Beaucoup d'entre eux se sont sentis abandonnés, certains ont même subi des dommages dans leur âme, et cela aussi nous occupera encore longtemps en tant que société."

Le président allemand Frank-Walter Steinmeier s'exprime lors d'un débat sur les répercussions sociales et les leçons de l'époque Covid-19 au château de Bellevue
Selon le président allemand, de nombreuses restrictions ont été nécessaires pour stopper la propagation de la Covid-19 Image : Bernd von Jutrczenka/dpa/picture-alliance

Frank-Walter Steinmeier poursuit : "Je pense qu'il est très important que nous fassions le point sur ce qui s'est bien passé pendant la pandémie et sur ce qui s'est moins bien passé - et qui a même causé des dommages. Mais nous ne devons pas oublier que de nombreuses mesures ont été prises sur la base de l'état des connaissances de l'époque. Et il s'agissait toujours d'une chose : sauver le plus grand nombre possible de vies humaines. Et nous y sommes parvenus." 

Restrictions sanitaires justifiées

Selon un sondage YouGov pour l’agence de presse allemande dpa, plus de la moitié des personnes interrogées estiment justes les restrictions sanitaires qui ont été imposées. Mais pour 50 % des personnes interrogées, elles ont été très pénibles. Beaucoup de questions sont encore discutées en Allemagne, comme l'obligation de porter ou non un masque pendant la pandémie.  

Le virologue Christian Drosten travaille à l’hôpital universitaire de la Charité de Berlin. C’étaient l’un des chercheurs les plus suivis en Allemagne au temps fort de la maladie. Il a aussi conseillé le gouvernement allemand. Lui aussi demande de mener un débat de société sur la Covid-19. 

"Nous devrions nous regarder et nous dire : chaque vie a-t-elle la même valeur ou non ? Ou s'agit-il plutôt d'intérêts économiques ou d'ego ? La notion de liberté invoquée n'est-elle pas en fin de compte de l'égoïsme pur ? Une telle discussion devrait avoir lieu dans les médias, en public, au Parlement. Et bien sûr, cela n'a pas eu lieu",faisait-il remarquer le 23 janvier sur la radio publique allemande Deutschlandfunk .

"Ce serait certainement quelque chose que l'on devrait faire au niveau politique et parlementaire en prévision d'une prochaine pandémie, si l'on veut vraiment parler de quelque chose comme une mise à jour. La tâche n'est certainement pas de dire qui a tout faux, qui avait tort et qui s'est enrichi, mais la bonne chose à faire serait certainement de se poser ces questions fondamentales." 

Médecins et infirmiers s'occupent d'un patient lors d'une pneumoscopie dans l'une des salles de soins de l'unité de soins intensifs de la médecine universitaire de Rostock dans le nord de l'Allemagne
Les hôpitaux allemands ne se sont pas écroulés pendant la Covid-19 et ont même reçu des malades étrangers Image : Jens Büttner/dpa/picture alliance

Le 5 mai 2023, l’Onu lève l’état d’urgence sanitaire mais précise que le virus reste dangereux. Plus de sept millions de personnes sont mortes de la Covid-19 dans le monde. C'est le 9 mars 2020 qu’un premier Allemand mourait des suites de la Covid-19. Depuis, plus de 187 mille personnes ont succombé à la maladie en Allemagne. A cela il faut ajouter les personnes en vie mais atteintes de Covid long c'est-à-dire qu'elles présentent des symptômes prolongés de la maladie. On n'a pas un chiffre précis sur leur nombre. Le gouvernement allemand parle cependant d'un nombre à six chiffres de personnes atteintes de Covid long. 

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Le rêve brisé des Juifs algériens

Andrée Bensoussan tient sa carte d'identité algérienne
Andrée Bensoussan dit avoir été marginalisée alors que son pays de naissance a légalisé le caractère exclusif arabo-musulman de la nation algérienne Image : Paris Nadir Djenad/DW

Il y a 63 ans, le 18 mars 1962, les accords d’Evian étaient signés entre la France et les indépendantistes algériens. Le lendemain, 19 mars, à midi, entre officiellement en vigueur un cessez-le-feu qui met fin à huit ans de guerre en Algérie, jusque-là colonie française. Des historiens estiment à 500 000 le nombre de morts algériens, et selon le ministère français des armées, près de 25 000 militaires ont aussi perdu la vie.   

C’est un fait assez méconnu : durant cette guerre, des Juifs algériens se sont rangés aux côtés du mouvement indépendantiste algérien, le FLN, Front de Libération nationale. La présence juive en Algérie est vieille de plus de 2000 ans. Certains se sont battus pour une Algérie multiculturelle et démocratique, débarrassée de la colonisation française. Cependant, l’Algérie indépendante sera loin d’être celle pour laquelle ils s’étaient battus.   

Les Juifs algériens engagés au côté des indépendantistes, un reportage à Paris de Nadir Djennad.  

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