Allemagne : un "attentat" à la voiture bélier à Munich
13 février 2025
Une voiture a foncé ce jeudi (13.02) en milieu de matinée sur une foule rassemblée pour une manifestation à l'appel du syndicat Verdi, à Munich, dans le sud de l'Allemagne.
L'attaque a fait 28 blessés, dont certains se trouvent dans un état critique. Plusieurs personnes sont en danger de mort, expliquent les pompiers de la capitale bavaroise, où doit s'ouvrir vendredi (14.02) la Conférence internationale sur la sécurité.
Selon la police bavaroise, l'auteur présumé de l'attaque est un homme demandeur d'asile de 24 ans, originaire d'Afghanistan.
"Le conducteur de la voiture a pu être neutralisé sur place", a précisé la police.
Le gouvernement promet "une fermeté maximale"
D'après le ministre bavarois de l'Intérieur Joachim Herrmann, l'homme était connu de la police pour possession de drogue et pour avoir commis des vols à l'étalage. Sa demande d'asile avait été refusée.
Le chancelier allemand dénonce un "attentat" et un acte "horrible". Pour Olaf Scholz, "ce criminel ne peut pas compter sur une quelconque clémence. Il doit être puni et doit quitter le pays".
"L'auteur présumé (de cet acte) est à nouveau un jeune homme originaire d'Afghanistan. La réponse ne peut être que celle-ci : l'État de droit doit faire preuve d'une fermeté maximale", a de son côté martelé la ministre allemande de l'Intérieur, Nancy Faeser (SPD), dans un communiqué.
Cet événement survient à dix jours des élections législatives allemandesdu 23 février, dont la campagne est largement dominée par des discussions sur l'immigration, liée par la plupart des partis au thème de l'insécurité.
Série d'attaques meurtrières
Aujourd'hui, une majorité d'Allemands, soit 68 %, pensent que le pays devrait accueillir moins de réfugiés, selon la dernière enquête mensuelle de Deutschlandtrend de l'ARD.
L'Allemagne a vécu ces derniers mois une série d'attaques meurtrières perpétrées notamment par des demandeurs d'asile déboutés et dans l'obligation de quitter le pays.
La Bavière a ainsi été récemment endeuillée par la mort de deux personnes, dont un enfant de deux ans, tués lors d'une attaque au couteau. Le principal suspect est un ressortissant afghan de 28 ans.
Ce jeudi, le ministre-président de Bavière, Markus Söder, du parti conservateur CSU, a réaffirmé la nécessité d'une action politique. Il faut que quelque chose change en Allemagne, "et rapidement", a-t-il dit. On ne peut pas continuer à d'aller "d'attentat en attentat".
Débat politique surchauffé
Les conservateurs de la CDU/CSU, en tête des intentions de vote aux élections, ne cessent d'appeler à un durcissement de la politique d'asile et à une accélération des expulsions.
Le bloc conservateur est récemment allé jusqu'à s'appuyer sur le vote des députés d'extrême-droite au Parlement pour faire passer une motion en ce sens, rompant ainsi le "cordon sanitaire" traditionnel destiné à faire barrage au parti AfD, qui arrive à la deuxième place dans les sondages.
Cette alliance de circonstances a poussé des centaines de milliers de manifestants dans les rues, dont environ 200.000 à Munich, le week-end dernier.
Pour les électeurs allemands, l'immigration et la sécurité sont le sujet de préoccupation numéro un, devant l'économie. L'emballement des dernières semaines a même poussé le parti des Verts, qui promeut dans son programme une Allemagne comme pays d'immigration, à présenter à son tour un plan en dix points sur l'insécurité et la politique d'asile.
Les écologistes estiment que "la police fédérale a besoin d'un renforcement de son personnel, d'un équipement technique moderne et de davantage de pouvoirs".
Le parti veut aussi que l'examen médical des demandeurs d'asile comprenne un examen de l'état de santé psychique. "Dans les cas extrêmes, cela peut protéger des vies, car les personnes concernées sont traitées à temps et le risque de mise en danger d'autrui peut ainsi être endigué", peut-on lire dans le plan.