Alassane Ouattara est candidat à sa réélection

Alors que tout le monde attendait l'annonce ou non de sa candidature dans son discours à la nation le 6 août, veille de la célébration de la fête de l'indépendance, Alassane Ouattara, qui dirige la Côte d'Ivoire depuis avril 2011, a pris, hier, tout le monde au dépourvu. Le contenu de l'annonce n'a, en revanche, pas surpris le juriste et analyste Geoffroy Kouao.

"Il faut dire que ce n'est vraiment pas une surprise, quand on sait que les militants à l'unanimité avaient demandé à monsieur Ouattara d'être le cheval RHDP pour l'élection présidentielle 2025. Donc à l'analyse ce n'est vraiment pas une surprise. Seulement qu'il a pris tout le monde de court".

Candidat plébiscité par son parti

En juin dernier, lors du deuxième congrès du RHDP, tous les militants du parti présidentiel s'étaient effectivement prononcés en faveur d'une nouvelle candidature d'Alassane Ouattara, également président de cette formation politique.

Par conséquent, selon Sékou Dao du conseil politique du RHDP, l'annonce de mardi n'est que la réponse favorable à la sollicitation des militants de sa chapelle politique.

"Je savais que le président Ouattara allait de toutes les façons rempiler. Parce qu'à trois mois d'une échéance aussi capitale, ce serait incongru de choisir à l'heure actuelle un candidat. Ce serait même une injure pour les militants".

Pour l'opposition en revanche, cette annonce de candidature pour un quatrième mandat est une énième violation de la Constitution ivoirienne et elle entend bien utiliser les voies légales pour l'en empêcher. Damana Pickass Adja, vice-président du parti de l'ancien chef de l'État ivoirien, Laurent Gbagbo.

"Malgré tous les messages que nous lui avons envoyés, malheureusement, nous voyons que la parole du président n'a aucun poids. Le président a trompé tout le peuple et cela est inacceptable. Tous les moyens légaux qui s'offrent à nous, nous entendons les utiliser pour que la constitution soit respectée''.

Une élection qui s'annonce tendue

L'analyste Geoffroy Kouao n'exclut pas la réaction de l'opposition dans son ensemble : "Vous savez qu'en politique toute action appelle une réaction. Le président de la République et le parti au pouvoir ont agi, l'opposition va certainement réagir. La réaction de l'opposition était prévue pour le samedi 2 août, seulement que cette manifestation a été interdite par la préfecture d'Abidjan.  Donc certainement que l'opposition va trouver d'autres moyens légaux pour s'opposer à ce qu'elle appelle un 4ème mandat".

Depuis le décès du premier président de la République, Félix Houphouët Boigny, en 1993, chaque année électorale est synonyme de tensions. Et en 35 ans de démocratie, il n'y a jamais eu de passation de pouvoir apaisée entre deux présidents en Côte d'Ivoire.

Alassane Ouattara annonce sa candidature alors que son troisième mandat avait déjà été contesté : lors de la dernière présidentielle, en 2020, il avait décidé de se présenter suite à la mort de son dauphin, Amadou Gon Coulibaly et grâce à une nouvelle Constitution, adoptée en 2016, et qui a remis le compteur des mandats présidentiels à zéro.