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"L’Afrique reste l’épicentre du terrorisme mondial"

Marco Wolter | Avec agences
22 janvier 2025

Lors d'une réunion du Conseil de sécurité, l'Onu a expliqué que près de 60% de tous les décès liés au terrorisme dans le monde se produisent en Afrique subsaharienne.

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Des soldats burkinabè au garde à vous
Le Burkina est le pays qui compte le plus de victimes du terrorisme au mondeImage : Issouf Sanogo/AFP

La vice-secrétaire générale de l'Onu a dressé un constat sans ambiguïté lors d'une réunion du Conseil de sécurité (21.01.2025) consacrée à la lutte contre le terrorisme sur le continent.

Amina Mohammed a expliqué que près de 60% de tous les décès liés au terrorisme dans le monde se produisent en Afrique subsaharienne.

L'épicentre des activités terroristes se trouve plus précisément au Sahel, notamment dominé par des régimes militaires. Pour Amina Mohamed, le terrorisme représente aujourd'hui "la menace la plus importante à la paix, la sécurité et au développement durable" de l'Afrique.

La haute-représentante décrit le Sahel comme "le point de départ de l'une des crises les plus brutales au monde. Pendant trois années consécutives, on a compté plus de 6.000 morts du terrorisme dans la région, soit plus de la moitié des victimes dans le monde. Le Burkina Faso arrive à la première place du classement mondial des victimes du terrorisme, "avec une augmentation stupéfiante de 68 %, et avec peu de soutien pour aider à inverser cette tendance".

Elle a rappelé que la menace s'étendait de plus en plus vers les pays côtiers du Golfe de Guinée où "les groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'Etat islamique ont étendu leurs tentacules meurtriers". Les attaques meurtrières y ont progressé de "plus de 250 % en seulement deux ans".

Des armes saisies par les autorités maliennes
L'AES veut désormais se doter d'une armée commune de 5.000 troupesImage : ORTM/AFP

Progression du JNIM vers le Golfe de Guinée

Cette tendance avait été confirmée par un chercheur au micro de la DW, détaillant la progression du JNIM, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans.

"Le JNIM est dans une stratégie de long terme", estime Mamadou Mouth Bane. Le JNIM est en capacité de "faire la même chose à Mopti, au nord de Bamako, ou à Kayes, au sud-ouest" vers la frontière du Sénégal. "Ils vont créer de l'incertitude partout et montrer qu'ils disposent d'une vraie liberté d'action", a prédit l'expert.

Auteur de plusieurs publications sur le djihadisme et la criminalité dans le Sahel, il assure que "les ambitions des terroristes n'ont pas de limites".

Parvenir à ces objectifs, "les réseaux terroristes mettent désormais en commun leurs ressources – financières, en combattants et en expertise – tout en affinant leurs capacités grâce aux nouvelles technologies, y compris les engins volants sans pilote", constate Amina Mohamed.

Face à cette menace qui s'étend en Afrique de l'Ouest, Musa Timothy Kabba, le chef de la diplomatie de la Sierra Leone, a dit "noter avec inquiétude le désengagement de la Cédéao et le vide sécuritaire créé par le départ de la Minusma".

La salle du Conseil de sécurité de l'Onu à New York
La réunion du Conseil de sécurité de l'Onu était présidée par l'AlgérieImage : Craig Ruttle/AP Photo/picture alliance

"Raviver l'intérêt mondial" pour la lutte contre le terrorisme en Afrique

Egalement présent lors de cette réunion du Conseil de sécurité, Bankole Adeoye, Commissaire aux affaires politiques, à la paix et à la sécurité de l'Union africaine

Il a expliqué que "rien qu'en 2024, le Centre de lutte contre le terrorisme de l'Union africaine, basé à Alger, a enregistré plus de 3.400 attaques. Ces attaques ont fait plus de 13.900 morts". Bankole Adeoye parle d'un "point de basculement".

Enfin, Ahmed Attaf, ministre algérien des Affaires étrangères, et qui présidait cette réunion, a appellé à "raviver l'intérêt mondial" pour la lutte contre le terrorisme sur le continent et a appelé la communauté internationale à "ne pas laisser l'Afrique seule dans ce combat". Pour lui, "le succès de l'Afrique sera un succès mondial. Son échec sera préjudiciable à tous".

Au-delà du Sahel, le Conseil a rappelé que "dans d'autres régions d'Afrique, des groupes terroristes comme les Shebab en Somalie, les ADF en République démocratique du Congo et Ahlu Sunna Waljama'a  au Mozambique continuent de déchaîner une violence horrible".

Pour la vice-secrétaire générale de l'Onu"la marginalisation des jeunes, associée à l'explosion du chômage, a laissé toute une génération vulnérable aux groupes extrémistes".

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Marco Wolter Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_francais