La longue et difficile marche vers l'unité africaine
24 mai 2025La journée mondiale de l’Afrique a pour objectif principal de commémorer la création de l’Organisation de l’unité africaine, l’OUA, le 25 mai 1963 à Addis-Abeba, en Éthiopie.
En 2002, l’OUA a été remplacée par l’Union africaine et les objectifs se sont élargis, car il est de plus en plus question, aujourd'hui, d’intégration économique et de développement durable et non plus de décolonisation.
62 ans après la création de l’organisation, l’unité sur le continent est cependant loin d’être une réalité, selon Dani Ayida, consultant et expert en relations internationales.
"On ne peut pas dire aujourd’hui que l’unité africaine soit une réalité. Le projet panafricaniste est un projet inachevé. C’est encore une œuvre qui demande beaucoup d’implication, beaucoup d’engament et la concrétisation", estime l'analyste joint par la DW.
David Dosseh coordonnateur de l'organisation Tournons la page au Togo, ne dit pas autre chose. Pour lui, l’unité sur le continent reste encore un vœu pieux en raison de la faiblesse de l’Union africaine.
"Il faut reconnaitre que cette unité africaine a du mal à prospérer. Nous avons une institution qui est l’Union africaine et qui incarne cette unité. Des outils ont été mis en place, des mécanismes existent pour renforcer cette intégration, mais dans la mise en œuvre, nous avons beaucoup de difficultés."
Des difficultés pour résoudre certains conflits ou crises, comme entre la RDC et le Rwanda, entre l’Algérie et le Maroc à propos du Sahara occidental, ou encore entre certains pays ouest-africains regroupés au sein de la Cédéao et l’Alliance des États du Sahel.
Absence de leadership sur le continent
Moussa Diaw, professeur à l’Université Gaston Berger de Dakar au Sénégal et expert en Science politique estime que l'un des problèmes qui freinent l'organisation est l'absence de véritable volonté politique et le manque d’un vrai leadership.
"L'unité africaine a du mal à se mettre en place, à poser des actes allant dans le sens d'une institution communautaire fonctionnelle avec des actes concrets allant dans le sens de l'intégration et de la résolution des conflits et assurer la paix et la sécurité en Afrique. Les obstacles à cette unité et intégration africaine sont nombreux. Il y a d'abord l’absence de volonté politique et les querelles de personnes entre les dirigeants africains. Il y a aussi l’absence de ressources pour permettre à l’institution de bien fonctionner. Il manque de leader et de leadership. On le voit avec le conflit entre la RDC et le Rwanda, les négociations se font au Qatar. Comment le Proche-Orient peut-il être impliquer dans les problèmes africains ? cela montre la faiblesse de l’institution africaine."
La Zlecaf, une avancée vers l'intégration
A mettre cependant à l’actif de l’organisation panafricaine : la zone de libre-échange commercial, la Zlecaf, officiellement entrée en vigueur en 2021.
"La Zlecaf, en tant que zone de libre-échange continentale africaine, est un projet salutaire qui s’inscrit dans le même élan que le Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) il y a une vingtaine d’années. C’est un projet concret porté par un certain nombre d’institutions affiliées à l’Union africaine", dit Dani Ayida, consultant et expert en relations internationales.
L’objectif de la Zlecaf : stimuler les échanges commerciaux entre pays africains, en favorisant la libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux.
L’Union africaine compte aujourd’hui 55 États membres et l’Afrique représente environ 1,4 milliard d’habitants, soit près de 17% de la population mondiale.
Le continent possède 30% des ressources minérales mondiales et 60% des terres arables non exploitées, selon la Banque mondiale. Des ressources dont la gestion constitue un immense défi pour les pays du continent.