La cybercriminalité et les moyens de s'en protéger
25 mars 2025Plus de 300 personnes interpellées, près de 2.000 appareils électroniques saisis... c'est le bilan de '"Red Card" (Carton Rouge), une vaste opération internationale de lutte contre la cybercriminalité.
L'opération menée entre novembre et février avait pour cible différentes sortes de cyberattaques qui vont des escroqueries aux services bancaires mobiles, aux investissements et aux applications de messageries.
Les pays concernés sont le Bénin, le Nigeria, le Rwanda, le Togo, la Côte d'Ivoire, l'Afrique du Sud et la Zambie où ces escroqueries auraient fait plus de 5000 victimes, selon Interpol.
Au Nigeria, il est question notamment "de fraudes aux casinos en ligne et aux investissements". En Afrique du Sud, c'était un système sophistiqué de fraude aux SIM box qui servait pour l'escroquerie. Le dispositif, transforme les appels internationaux en appels locaux. Au Rwanda, le réseau dont les membres ont été arrêtés se faisait passer pour des employés des télécommunications ou des proches de personnes blessées pour soutirer des informations aux victimes et accéder à leurs comptes bancaires.
Comment s'organise le démantèlement de ce genre de réseau de cybercriminalité et surtout comment se protéger pour ne pas être victime de ces attaques? Dr Youssef Mazouz, secrétaire général du centre africain de la cybersécurité nous donne ici quelques pistes.
Ecoutez ou lisez l'interview de la DW avec Dr Youssef Mazouz
Youssef Mazouz : On sait que le démantèlement de ces réseaux criminels transnationaux repose sur une coopération étroite entre les services de police et les autorités judiciaires et Interpol. Ces opérations, donc, comme l'opération "Red card" s'appuient sur le renseignement numérique, l'analyse des flux financiers, la traçabilité des communications électroniques...Donc les enquêteurs utilisent des techniques pour tracer les criminels à travers le recoupement des données issues des fournisseurs d'accès et des plateformes numériques.
Les cibles sont identifiées soit à travers des adresses IP ou bien des terminales qu'ils ont utilisé pour ces opérations.
Les actions qui sont simultanées sont menées dans plusieurs pays pour démanteler ces réseaux et saisir les équipements, chose qu'on a vu sur dans l'opération "Red Card".
DW : Pour le citoyen lambda, c'est difficile de distinguer le vrai du faux à quoi le citoyen qui ne s'y connaît pas vraiment doit faire attention?
Youssef Mazouz : Il ne faut jamais cliquer sur des liens pour télécharger des applications depuis des sources non vérifiées, parce que la plupart de ces attaques sont issues de ce qu'on appelle le phishing ou bien le hameçonnage.
Ce sont des e-mails ou bien des messages qui arrivent qu'on croit qu'ils sont d'un expéditeur qui est de confiance mais qui contiennent un lien au bien un logiciel malveillant.
C'est pour ça qu'il faut vraiment vérifier l'authenticité des plateformes d'investissement ou de services avant de transmettre des informations personnelles ou bien des informations bancaires.
Et bien sûr, il faut avoir cette culture de mot de passe, parce que la plupart utilisent des mots de passe qui sont simples et faciles à déchiffrer, chose qui facilite l'accès au hacker ou bien aux criminels aux plateformes bancaires utilisées par les clients.
C'est pour ça qu'il faut utiliser des mots de passe robustes et parfois une authentification à double facteur, et mettre à jour régulièrement les applications des appareils.En cas de doute contacter directement son opérateur ou bien sa banque.
DW : Est-ce qu'en Afrique on a actuellement les moyens pour pouvoir contrer cette cybercriminalité ?
Les États africains doivent accélérer la mise en place des cadres juridiques.On sait que chaque pays a sa propre législation quant à la cybersécurité. Il faut avoir une synergie pour que les pays avancés dans ce sens aident les pays moins avancés.
Et bien sûr avoir un cadre universel. Une loi africaine qui va protéger les données de l'Afrique pour l'Afrique et ces dispositifs de signalement de cyber-escroquerie, tout en renforçant la coopération régionale pour faire face à cette menace en constante évolution.