John Mahama veut convaincre l'AES de revenir dans la Cédéao
7 mars 2025Le nouveau président élu du Ghana a effectué, en milieu de semaine, une visite officielle à Abidjan. Avec son homologue ivoirien, Alassane Ouattara, John Dramani Mahama a évoqué la question de la coopération sous-régionale.
Les deux dirigeants ont lancé un appel aux trois pays de l'Alliance des Etats du Sahel, le Mali, le Niger et le Burkina Faso, pour qu'ils réintègrent la Cédéao qu'ils ont quittée il y a un an. C'est dans ce cadre que le président ghanéen est attendu ce dimanche à Niamey et celui-ci semble adopter, pour l’instant, une attitude plus compréhensive que son prédécesseur avec les juntes militaires au pouvoir dans le Sahel.
John Dramani Mahama, qui s'est montré conciliant envers les dirigeants des trois pays membres del'AES depuis son retour au pouvoir, se dit confiant quant à la possibilité que le Mali, le Niger et le Burkina Faso réintègrent la Cédéao qu'ils ont quittée avec fracas.
Newton Ahmed Barry, journaliste et ex-président de la Commission électorale nationale indépendante du Burkina Faso, estime que le président ghanéen veut exploiter une situation qui lui paraît favorable.
"Vous vous souvenez qu’en janvier, il y a eu une réunion des ministres des Affaires étrangères concernés par les questions essentielles de l'AES à Bamako (du 14 au 17 janvier 2025). A la surprise générale, le communiqué final était d'un ton moins belliqueux que d'ordinaire vis-à-vis de la Cédéao. Donc, on peut penser que c'est une inclinaison et que probablement, John Dramani Mahama a dû sentir cela et il a saisi l'occasion" soutient Newton Ahmed Barry.
Optimisme prudent
Même si la séparation a été actée fin janvier par les dirigeants de la Cédéao, ceux-ci ont accordé six mois aux juntes des trois pays sahéliens pour reconsidérer leur position. Le président ghanéen veut donc profiter de ce délai pour les convaincre.
Babacar Ndiaye, analyste politique et spécialiste des questions de sécurité, est cependant pessimiste. Il est directeur de la recherche et des publications de Wathi, un think tank ouest-africain dont le siège est à Dakar.
Selon lui, "le président du Sénégal aussi était médiateur, le président du Togo aussi l'a été. Si le président ghanéen pense qu'il peut aussi avoir des contacts et discuter, échanger pour essayer de changer les choses, pourquoi pas ? Mais, de mon point de vue, les chances pour que cette médiation puisse réussir sont très minces, voire infimes par rapport à la situation actuelle et par rapport au fait que ces trois pays sont tournés aujourd'hui vers la consolidation de leur alliance".
Malgré les appels au dialogue, les dirigeants de l'Alliance des Etats du Sahel semblent avoir opté effectivement pour la consolidation de leur nouvelle organisation. Ils ont ainsi annoncé la mise en circulation de leur passeport commun.
Fin février, les ministres des Affaires étrangères del’AES, réunis à Bamako, sous la présidence du Premier ministre malien, Abdoulaye Maiga, ont procédé au lancement officiel du drapeau de la confédération regroupant le Mali, le Burkina Faso et le Niger.