Un accord mondial contre la pollution plastique en vue ?
5 août 2025Cette série de négociations a lieu juste après l'échec des discussions menées à Busan, en Corée du Sud, à la fin de l'année dernière.
Les chiffres concernant le plastique sont édifiants : rien que l'an passé, environ 500 millions de tonnes de plastique ont été produites dans le monde. Sur ces 500 millions, près de 400 millions de tonnes restent sous forme de déchets plastiques, aussi bien autour de nous, qu'en nous, partout, comme l'explique Moritz Jäger-Roschko, de l'ONG Greenpeace, qui assiste à cette série de négociations en tant qu'observateur :
"Le plastique est partout : dans les fosses océaniques les plus profondes, dans l'Arctique, sur les plus hauts sommets. Et il est aussi présent en nous. Au fil du temps, on en a trouvé dans les poumons, dans le sang, ou encore dans le lait maternel", assure-t-il.
16.000 substances chimiques susceptibles de se trouver dans le plastique
Des effets néfastes donc pour l’organisme humain, un avis que partage Annika Jahnke, chimiste environnementale et professeure au Centre Helmholtz pour la recherche environnementale à Munich en Allemagne :
"On savait déjà qu'il y avait du plastique dans nos aliments, dans notre eau potable, dans d'autres boissons, mais aussi dans l'air. Nous le respirons, nous l'absorbons avec notre nourriture. Ce que nous ne savions pas encore exactement, c'est combien de temps il reste dans l'organisme. De plus, il contient des substances chimiques qui peuvent également être libérées lors de leur passage dans l'organisme", explique Annika Jahnke.
"Une étude réalisée l'année dernière a identifié plus de 16.000 substances chimiques susceptibles d'être présentes dans le plastique. Et on sait que plus d'une sur quatre présente un risque potentiel. Il peut s'agir, par exemple, d'effets négatifs sur le système hormonal, comme ceux causés par les bisphénols."
Levée de boucliers des pays producteurs de pétrole
Même si la situation tend à devenir incontrôlable, Moritz Jäger-Roschko reste optimiste. L'activiste estime que la possibilité de signature d'un traité international sur la pollution plastique existe :
"Je suis optimiste mais prudent quant à la possibilité de parvenir à un accord solide qui protège efficacement les populations et l'environnement contre les effets négatifs du plastique. Pour ce faire, il est indispensable que les pays ambitieux comme l'Allemagne campent sur leurs positions et ne se laissent pas influencer par des pays moins ambitieux ou encore le lobby du plastique", estime Moritz Jäger-Roschko.
Parmi les pays "moins ambitieux", figurent les pays producteurs de pétrole comme l'Arabie saoudite ou la Russie, mais aussi l'Iran et les États-Unis. Ces Etats s'opposent à des obligations contraignantes et souhaitent se concentrer uniquement sur l'élimination et le recyclage des déchets plastiques plutôt que de limiter la production de plastique. Une chose est certaine : les négociations, qui doivent durer jusqu'au 14 août prochain, s'annoncent difficiles.